La fin du voyage

Le retour dans le monde est un peu violent après ces deux mois de vie sur le chemin. La transition passe par deux jours de train. Arrivé sur Montpellier, j’ai tenu à rentrer à pied de la gare Saint Roch à ma maison. Mes deux amours de filles m’attendaient à mi-chemin. Quel bonheur de les retrouver et les serrer dans mes bras. La réadaptation au confort d’une maison, la disponibilité immédiate de plein de services, le confort matériel, tous cela donne un sentiment étrange après s’en être passé pendant tant de temps.

Ce voyage fut pour moi très positif. J’ai pu faire un grand pas dans le processus de deuil que je devais accomplir. Les choix pour mon avenir sont maintenant plus clairs dans ma tête. Je suis plus serein et sans doute mieux armé pour affronter le quotidien car le chemin m’a redonné le sens de la vie.

Le 30Juin 2012 de Cacabelos à La Faba.

Début d’étape très pentu pour quitter le secteur montagneux. Un peu de pluie le matin. L’étape de 32 km se termine dans un gite tenu par des allemands. La soirée se partage avec les pèlerins que je retrouve journellement. Je commence à avoir hâte de voir Saint Jacques de Compostelle. Physiquement, tout va toujours bien sauf les pieds, mais cela est normal après 1400 Km.

Le 1 Juillet 2012 de La Faba à Tricastela.

Etape de 26 km ou j’ai dû passer le col d’O Cebrio a 1500m. Ce n’était pas trop difficile. Maintenant nous entrons en Galice et cela me rappelle beaucoup ma Normandie natale. Le gite du jour est sympa avec une chambre pour nous trois.

Le 2 Juillet 2012 de Tricastela à Ferreiros.

Belle et longue étape en Galice (34 km). Il y a de plus en plus de gens sur le chemin, mais cela reste encore vivable. Nous sommes ce soir dans un trou ou seul un gite municipal (pas mal) et un bar-resto nous accueillent. J’ai passé vers midi, avec beaucoup de joie, la borne des 100km avant Compostelle. Nous marchons sur un rythme d’enfer: 5,5 Km/h et les pieds fonctionnent mieux qu’hier. C’est super!

Le 3 Juillet 2012 de Ferreiros à San Xulian.

Avant dernière étape de 36 km aujourd’hui. C’était long mais nous devons sentir l’écurie! Il y a maintenant une foule sur le chemin de Compostelle. Pour les espagnols, faire les 100 derniers kilomètres, c’est faire le Chemin et c’est à mentionner sur leurs CV! Ce soir, très belle alberge a 4km après Palas der Rei. J’ai vécu un petit moment magique ce soir. Suite à la crise économique qui sévit en Espagne, beaucoup de jeunes sont retournés chez leurs parents. C’est le cas de Minerva, la fille des aubergistes qui est cantatrice en temps normal. A notre demande, elle a chanté pour nous trois dans un coin du jardin, j’en ai encore des frissons tellement c’était beau. Aujourd’hui j’ai payé mon pot car mon compteur personnel a passé le cap des 1500 km depuis Montpellier.

Le 4 Juillet 2012 de San Xulian à Salceda.

Dernière étape de 36 km avant Compostelle. Départ à 5h45 pour éviter la chaleur et la foule, seul problème il fait encore nuit et nous avons besoin de nos frontales pour voir le chemin. L’alberge de ce soir est très belle et petite: 11 lits. Heureusement que nous avions réservé. Demain plus que 26km et ce sera, hélas, terminé.

Le 5 Juillet 2012 de Salceda à Saint Jacques de Compostelle.

Eh bien voilà c’est fait. Beaucoup de joie mais aussi de tristesse de quitter tous mes compagnons de voyage. Eric rentre comme moi et Nicole continue encore trois jours pour atteindre le finisteria. Je suis logé dans un immense bâtiment pouvant héberger des centaines de pèlerins. C’est énorme comme la ville d’ailleurs. J’ai récupéré ma Compostella que je compte offrir à mon frère Bertrand. Resto ce soir avec ceux qui sont encore là et demain c’est le retour vers Montpellier. Retour qui va durer deux jours.

Le 23 Juin 2012 de Calzadilla de la Cueza à Sahagun.

Une étape plaisante de 24 km sans grosse difficulté. L’albergue privée du soir est très jolie et douillette. En arrivant vers 14h, avec Eric et Nicole, nous nous sommes fait un petit repas collectif bien réconfortant. Sahagun est une petite bourgade agréable avec des monuments historiques remarquables (pont, église,…).

Le 24 Juin 2012 de Sahagun à Reliegos.

Ce fut dur, 30 km sous un soleil de plomb dans une plaine caillouteuse sans ombre, je suis trempé de sueur. J’ai pris la variante nord de l’itinéraire et c’était une erreur car plus long et très solitaire (presque angoissant). Heureusement qu’à l’arrivée un bistro avec une bière bien réconfortante me tendait les bras. C’est de ce point stratégique que j’ai pu accueillir mes compagnons de chemin (Eric le pompier et Nicole). Le soir j’ai croisé un pèlerin qui fait le chemin en mode express. Entre 40 et 50km par jour, les pieds en sang !! où est le sens? Trop peu pour moi.

Le 25 Juin 2012 de Reliegos à Léon.

Le chemin de 26 km qui me mène à Léon fut beaucoup plus cool qu’hier. Léon est une très jolie ville, avec une cathédrale grandiose. Certes moins riche que celle de Burgos, mais plus « pure », plus « vraie ». Nous dormons dans le monastère des Bénédictines car le gite municipal est fermé. Les femmes d’un côté, les hommes de l’autre. La nuit fut agitée car le dortoir bruyant et étouffant.

Le 26 Juin 2012 de Léon à Hospital de Orbigo.

Dure journée de marche de 32 km sous le cagnard. La chaleur est lourde sur cette portion rectiligne et monotone. Mes chaussures sont en train de lâcher. Je les consolide avec plusieurs lacets. Le village de l’Hospital de Orbigo possède un pont aux multiples arches datant des romains. Il est tout tordu mais en parfaite état suite à une restauration récente. Le gite fut parfait.

Le 27 Juin 2012 de Hospital de Orbigo à Ganso.

Départ à 5h30 pour profiter de la fraicheur du matin. Les 31 km paraitront moins pénibles. Vers 10h nous traversons la jolie ville d’Astorga. L’hôtel de ville et surtout la cathédrale sont remarquables. Hélas pour cause de messe en cours, nous ne pouvons pas la visiter. Je marche toujours avec Eric et Nicole pour maintenir le rythme des trente kilomètres par jour. A part une nouvelle cloque à soigner, tout va bien.

Le 28 Juin 2012 de Ganso à El Acebo.

Belle Montée à 1500m d’altitude pour atteindre la Croix de Fer au sommet de cette petite montagne. Vue le départ encore très matinal, le chemin fut moins pénible que je ne craignais. Ce fut, par contre, très très émouvant pour moi car j’y ai déposé la petite pierre que j’avais emporté de la tombe de Chantal. La croyance est d’y déposer toutes ses peines ou soucis pour qu’ils soient adoucis. La montagne de cailloux déposés est impressionnante. Cela m’a fait du bien. Nous sommes arrivés vers 11h à El Acebo, je crois que j’aurais continué plus loin mon chemin du jour si l’avais été seul.

Le 29 Juin de El Acebo à Cacabelos.

Passage par Pontferrada, ville avec un beau château presque dans son jus. Etape longue de 32km mais pas très chaude. La journée est passée vite car nous sommes arrivés tardivement au gite du pèlerin. Deuxième rencontre avec Soizic, une jeune bretonne, professeure des écoles qui repartira du Finistère de Galice vers son Finisterre Breton en voilier!!

Le 16 Juin 2012 de Najera à Granon.

Hier au gite, j’ai croisé une famille avec trois enfants (12, 10 et 7 ans) qui sont partis du Puy pour un direct vers Compostelle en trois mois. Je pense que les enfants n’étaient pas emballés et au minimum trouvaient cela très long et pénible. Aujourd’hui ma marche fut solitaire sur ces 28,8km (tu as noté la précision!). La visite de l’église de St Domingo del Cazada qui a la particularité d’héberger un couple de poules vivantes est originale. La légende qui explique la présence de ces gallinacés est à lire sur le net (sympa). Mon chemin m’a conduit à Gramon où le gite du pèlerin se situe dans les combles de l’église. Gite très spartiate où l’on dort par terre sur une simple natte. J’ai assisté à la messe paroissiale qui n’a duré que 30 minutes bénédiction des pèlerins comprise. C’est très expéditif en Espagne! Repas préparé et pris collectivement. Le moral est bon, à demain.

Le 17 Juin 2012 de Granon à Belorado.

Sans doute l’étape la plus courte de mon périple (17km). J’ai retrouvé le trio de choc (Huguette, Paty et Pierre), et nous avons passé la nuit dans une superbe albergue avec piscine, chambre pour quatre, salle de bain presque privative et le tout pour 5€ (tout de même). Mes filles m’ont envoyé des SMS pour la fête des pères: que du bonheur.

Le 18 Juin 2012 de Belorado à St Juan de Ortega.

Parcours en forêt et dénivelé de 1000 mètres, cela change des précédentes étapes. Les 24km m’ont semblé courts car je suis arrivé vers 11H15 et la forme est là. Après Burgos, je table sur des étapes de 30km pour tenir dans la plage de mes vacances. Je dors dans le cloitre du monastère: austère, grand, pas très clean et très vide. J’espérais un courrier de Nana qui n’est pas arrivé d’après l’hospitalier. Dans le doute, au petit matin en « vérifiant » dans ses papiers, j’ai retrouvé cette lettre qui m’a fait un grand plaisir (photo de Noah).

Le 19 Juin 2012 de St Juan de Ortega à Burgos.

Ce matin après 17 km de marche, suite aux conseil des anciens, nous avons emprunté un bus pour finir l’étape et ainsi éviter la banlieue de Burgos. En effet elle est très triste, longue(10km) et en plus la pluie nous attendait (oui je sais c’est pas bien!). Magnifique gite tout neuf à Burgos avec une capacité de 150 couchages. La cathédrale de Burgos est très belle, aussi bien pour son architecture gothique que pour ses trésors religieux. Comme je souhaite changer de rythme, ce soir c’est sans doute le dernier repas avec Pierre et ses deux femmes. L’opération de Bertrand s’est bien passé. Bonne journée.

Le 20 Juin 2012 de Burgos à Hontanas.

Grande étape de 30km dans la monotone Meseta. Malgré l’adieu ce matin du trio, je les retrouve vers 14h, ils ont prolongé leur étape prévisionnelle. Hontanas est un joli village situé dans un trou (au sens propre) au milieu de la Meseta. La Meseta est un haut plateau très très chaud qui correspond à la traversée du désert pour les pèlerins. Ce soir repas collectif.

Le 21 Juin 2012 de Hontanas à Fromista.

Là c’est du sérieux, 34,7 km pour cette grande étape avec des montées à 12%, des descentes de 18% et en plus du vent de face. Comme je me mets en route très tôt, je suis arrivé au gite municipal vers 13h. Pour le reste tout va bien.

Le 22 Juin de Fromista à Calzadilla de la Cueza .

Record du monde pour moi aujourd’hui: 37 km, sans doute cela sera ma plus longue marche sur le Camino. Cela ne m’a pas semblé trop dur car le terrain était plat, le temps tempéré et je tiens la forme (pas les formes). Deux nouveaux compagnons de marche et de repas: Nicole et Eric.

Le 9 Juin 2012 de Ruesta à Sanguesa.

Joli chemin de 22,7 km qui nous fait passer de l’Aragon en Navarre à travers de grands champs de blé vallonnés. Le gite de ce soir à Sanguesa est très petit (14 lits), heureusement qu’avec mes co-marcheurs (Jean Louis et Périclès), nous sommes arrivés à 11H30 car à 14h il était déjà complet. Eh oui, je marche toujours avec ces deux-là, car il sont sympas et le rythme très matinal (départ 6h30) me va bien. Jean Louis ayant perdu son chapeau a refait le chemin sur 10km pour rien, dommage. Le temps est toujours beau, j’ai quelques craintes pour la pluie demain car j’ai une longue étape de 32 km.

Le 10 Juin 2012 de Sanguesa à Monreal.

Repas de groupe (12 Personnes) pantagruélique a Monreal, petit village a 32km de Sanguesa. Evidement après un tel repas, la nuit a été difficile avec tous ces ronflements! J’ai échangé avec les deux américaines (Diana et Dawn?), elles sont vraiment catho intégristes. Messe tous les jours, plusieurs heures de prières, départ très tôt pour tenir les horaires des offices… Mais très cultivées, parlant un très bon Français et bardées de diplômes. Aujourd’hui, je marche seul et cela me fait physiquement du bien. Mes PGV ont allongé le parcours pour un chemin plus beau (+ 8km), non merci. Mes pieds souffrent au talon maintenant. Vais-je tenir la distance …?

Le 12 Juin 2012 de Puente la Reina à Estella.

Les adieux ce matin furent très touchants, Jean louis le montagnard dur à cuire était en larmes. Périclès m’a confié son couteau qui ne pouvait être embarqué dans son avion. L’étape fut petite (23km) et cela a bien reposé mes pieds. A Estella nous ne sommes plus que quatre du groupe (Paty, Pierre, Huguette et moi). Cela fait un peu triste, mais le bon repas avec digestif offert nous a redonné la pêche. Bon gite municipal pour une bonne nuit réparatrice.

Le 14 Juin 2012 de Torres del Rio à Logroño.

Courte étape de 21 km pour atteindre Logroño. C’est une belle ville avec de nombreuses d’églises, une cathédrale énorme au style extrêmement riche voire baroque. Je marche toujours avec le sympathique trio et cela devient un peu la routine. Demain je marche seul pour aller à mon rythme. J’ai maintenant des cloques sur le talon d’Achille et je dois avouer que je ne sais pas trop quoi faire (changement de semelle, chaussures, pansements …?). A part ce détail tout va bien.

Le 15 Juin de Logroño à Najera.

Hier soir nous avons fêté les 100km du trio et c’était très sympa. Aujourd’hui l’étape s’est bien passé sur 30km. Le pansement que m’a donné Huguette, même s’il est resté dans ma chaussette, m’a fait du bien. Pb du jour, je n’ai plus de téléphone, Pole Emploi m’a coupé l’international. Heureusement Paty m’a prêté le sien pour que je donne des nouvelles à mes filles. Le dortoir est gigantesque ce soir, 40 lits en superposés dans une unique pièce, vous n’imaginez pas le bruit des ronflements et l’odeur de fennec au petit matin. Heureusement que le sommeil est facile après une journée de marche.

Le 2 Juin 2012 de Lescar à Oloron Sainte Marie.

Très belle étape de 32 km avec beaucoup de côtes et de descentes. Le paysage est magnifique avec cette vue sur les Pyrénéens (ça fait un peu peur pour la suite). Enfin beaucoup de pèlerins dans le gite d’Oloron, j’ai dû rattraper un train de marcheurs? Je vais voir si certains sont sympathiques pour la suite du chemin. Cela fait maintenant trois semaines complètes que je marche. Je suis totalement libéré (délivré) des contraintes matérielles de la vie habituelle. Je pense être plus serein et plus clair dans ma tête. Demain j’attaque un peu la montagne, alors à suivre.

Le 3 Juin 2012 d’Oloron Sainte Marie à Sarrance.

Pas cool, 22km sous la pluie, les pieds dans la boue. Le paysage est de plus en plus montagneux avec beaucoup de moutons en transhumance. Je suis logé dans un monastère avec 10 pèlerins. Le lieu austère est tenu par un moine solitaire. Il était très heureux d’avoir autant de fidèles à sa messe de 18h30 un dimanche. L’ambiance au repas du soir est bonne. J’espère que demain le climat sera plus clément.

Le 4 Juin 2012 de Sarrance à Urdos.

Ce matin soleil, Apres les 5 premiers km de GR très dangereux (chemins étroits, glissants et abruptes), je poursuis sur la nationale pour une étape de 27km. Je marche avec Jean-Louis un montagnard et Périclès un Italien. Ce sont de très bons marcheurs, plus de 5km/h de moyenne. J’ai dû les quitter pour récupérer les guides du chemin en Espagne, qu’Audréna m’a envoyé en poste restante. Beaucoup de chance car le colis est arrivé le jour même et la poste allait fermer 20 minutes plus tard. Chance également de retrouver au village d’Urgos mes deux compagnons du jour ainsi qu’un hollandais avec qui j’ai partagé une soirée à Lescar. Le gite est superbe, la vallée d’Aspe magnifique et demain go vers le passage du Portalet.

Le 5 Juin 2012 de Urdos à Canfranc Estation.

Je suis en Espagne! Le col du Somport (1650 mètres) a été franchi vers 10h30 avec Jean-Pierre et Périclès. Ils marchent vraiment fort et la descente c’est encore pire. Ils ont l’habitude des grandes marches en montagne. Le chemin a été magnifique sur les 24 Km qui nous séparaient du gite. Au soir nous retrouvons 7 pèlerins de la veille qui eux ont pris le bus car le passage par la nationale est fortement déconseillé aux piétons (pas pour nous!). Les pieds me font souffrir surtout la nuit pour le petit orteil. J’ai dû prendre un calmant et acheter de nouveaux des Compeed pour mes cloques. Bertrand est à nouveaux à l’hôpital, espoir… Pour ce soir, vu l’équipe reconstituée de pèlerins, je n’ai aucune inquiétude pour l’ambiance. Buena noche.

Le 6 Juin 2012 de Canfranc à Jaca.

Je quitte Canfranc et sa gigantesque gare abandonnée par un joli chemin. Le trajet rapide de 24 km est parcouru avec mes deux compères. Nous sommes arrivés à Jaca très tôt et avons dû attendre 16h30 l’ouverture du Gite communal. Gite très propre, très moderne avec des couchages en forme de « Box a cochons ». Repas du soir dans un lieu conseillé par la dame du gite. Pour la modique somme de 6,5€, vous avez droit à un repas très riche avec le jaja inclus top! Santé : un peu d’inquiétude pour mes pieds.

Le 7 Juin 2012 de Jaca à Arres.

Chemin très monotone sur les 20 premiers km du jour, car il suit la nationale (25,3 km au total). Seul la fin du parcours est sympa avec un petit chemin qui débouche sur un petit village abandonné avec un seul gite en donativo. Le village est dans son jus et la vue sur les pyrénéens espagnoles est magnifique. L’hospitalier nous a ouvert l’église du village. Là une Américaine et deux jeunes filles (religieuses? mormones ?) ont chanté, c’était très beau. Au soir pour le repas, toujours le même groupe de pèlerins au complet (10 personnes) depuis la frontière. Repas collectif en plein air très animé.

Le 8 Juin de Arres à Ruesta.

Chemin plat sur 27,4 km avec vision permanente sur les pyrénéens. Ruesta est un village totalement en ruine malgré de beaux bâtiments historiques. Village abandonné sauf un gite du pèlerin tenu par la CGT locale! Nous sommes arrivés à 12h15 après 28Km (ils sont fous mes deux acolytes) ainsi nous avons pu déjeuner sur place. Comme ma carcasse souffre trop avec mes deux PGV (Pèlerins à Grande Vitesse), je pense marcher demain avec Pierre, Huguette et Pati (un couple de sexagénaires et leur amie plus jeune(la quarantaine)).

Le 26 mai 2012 de l’Isle Jourdain à Gimont.

Le chemin m’a semblé très facile aujourd’hui. Pas de douleur, pas de chaleur car le ciel était couvert et un départ très matinal (6h45) pour réaliser ces 25 km jusqu’à Gimont. Hier soir j’ai diné avec André un retraité de la banque Pop. et Gabriella une italienne de 22 ans qui a terminé ses études de sociologie et en redémarre d’autres sur l’environnement en octobre. Gimont est une très jolie bourgade avec une magnifique halle en bois traversée par une route nationale, très remarquable! Le gite du pèlerin est très beau et je suis sans doute seul ce soir. A suivre ….

Le 27 Mai de Gimont à Auch.

Eh bien non, je n’étais pas seul hier soir. Vers 18h00! André et Gabriella sont arrivés au gite après s’être perdus plusieurs fois! Nous sommes allé manger une pizza tous les trois. Aujourd’hui le chemin m’a semblé long (34km) et chaud, mais encore une fois très beau. Le paysage est vallonné, les cultures riches et les demeures cossues et propres. Arrivé tôt à Auch, je suis logé au presbytère à côté de la cathédrale. C’est très très spartiate. Je suis avec un allemand, la soixantaine, qui a fait Toulouse – Auch en train (drôle de pèlerin!). La cathédrale est magnifique avec ses reliques, ses 1500 statues en chêne. J’ai photographié d’Artagnan la célébrité de la ville. Ce soir je fête mes premiers 500 km, chouette!

Le 28 Mai de Auch à Montesquiou.

Le Camino en ce jour fut très très beau, mais long, trop long pour moi (32km), mes cloques se sont multipliées et un mal au tibia est apparu. Il va falloir faire attention à ma mécanique interne. Montesquiou est un joli village médiéval avec des fortifications et de vieilles bâtisses de l’époque. J’ai diné avec un espagnol (le seul autre pèlerin du petit l’hôtel local) qui vient du Finistère de Compostelle et se rend à Jérusalem a pied pour une association caritative. Il prévoit de mettre un an, chapeau.

Le 29 Mai de Montesquiou à Marciac.

Ah une étape plus raisonnable de 24km sous un beau temps chaud vers Marciac la capitale du Jazz. Ce soir je dors dans un grenier avec un couple de belges Flamands et leur petit chien. Ce toutou de 14 ans a des problèmes de cœur (non je ne parle pas d’amour), donc il ne marche pas mais est trainé par ses maitres dans une carriole. L’effort est considérable et ils sont partis du Puy en Velay! De plus, peu de gites acceptent les chiens, bon courage à eux…

Le 30 Mai de Marciac à Vidouze.

Ce soir j’écris sur table, c’est rare et sur mon petit cahier cela se voit. Beaucoup de plaines et quelques belles grimpettes pour les 25km d’aujourd’hui. Je suis seul dans un très grand gite rural pour touristes où il y a une chambre pour les pèlerins. Pour fêter mon entrée dans le Béarn je m’offre des pâtes et une mini bouteille de Madiran (pas terrible). Ma douleur au tibia gauche se résorbe peu malgré l’antiinflammatoire. Je croise les doigts pour que cela n’empire pas car demain, 30Km m’attendent pour rejoindre Morlaàs.

Le 31 Mai de Vidouze à Morlaàs.

Longue étape un peu tristounette car pas de lieu remarquable. Cela ressemble un peu à la Normandie. Je suis parti ce matin à 6h45 pour une arrivée vers 14H30 avec une pause de 45minutes. J’ai pris le cachet de Nana pour cette inflammation et cela me semble efficace. Après un coup de fil à Bertrand, Nana et Lili le moral est remonté au beau fixe. Le portail de l’église de Morlaàs est magnifique. A par cela rien à signaler.

Le 1 Juin de Morlaàs à Pau (Lescar).

Une étape assez courte de 21 km, variée avec ses beaux paysages. Traversée de l’hippodrome de Pau qui est énorme. La ville de Lescar avec sa belle cathédrale est jolie avec ses mosaïques et son style roman très pur. Le gite du pèlerin est grand, bien équipé pour faire une grosse lessive. Je partage ma soirée avec un cycliste hollandais, assez causant mais partageur que dans un sens, pas top! Demain grosse étape de 31km avec de gros dénivelés de +800 -750 mètres, alors dodo de bonne heure.

Le 19 Mai de Reclot à Castre.

Je craignais la pluie, mais ce fut le vent qui rendit le début de cette marche de 27 km peu agréable. La fin fut longue pour traverser la banlieue de Castre. Mais le petit hôtel très simple a 21€ fut de bon réconfort. J’ai voyagé avec mes deux acolytes (Jean-Pierre et Bernard) jusqu’à cette très jolie ville. Castre est parsemée de maisons de tanneur sur les bords de L’Agout et c’est très bucolique (hic). Demain direction les Bénédictines…

Le 20 Mai de Castre à Dourgne.

C’est dimanche aujourd’hui, alors on va à la messe. Objectif 20 km sous la pluie pour atteindre Dourgne. Petite ville ou se trouve deux monastères Bénédictins. Pourquoi deux me direz-vous? et bien un pour les frères et un pour les sœurs. Ce sont elles qui nous hébergent dans des chambres de 4 ou 5 où nous sommes un (comme ça pas d’histoire)! Leurs chants aux vêpres sont magnifiques et leurs repas, sont certes simples mais copieux. C’est la première étape du chemin un peu « religieuse » mais qui m’a fait du bien.

Le 21 Mai de Dourgne à St Félix Lauragais.

Une journée de 28 Km sous la pluie assez pénible. Je marche toujours avec Bernard et Jean-Pierre et nous sommes trempés en longeant une route toute la matinée. L’après-midi est plus agréable car le chemin suit la Rigole. C’est un petit canal d’alimentation en eau du Canal du Midi. Le soir nous séjournons dans un ancien relais de poste très bien décoré par un couple d’artistes. Le lieu est très atypique avec beaucoup de créations originales. Nos hôtes nous ont préparé un copieux repas riche en calories et riche en échanges. Riche car nos hôtes sont d’anciens scientifiques. Elle polytechnicienne ayant mis au point le dispositif de visée des hélicoptères de combat Tigre, lui ayant travaillé pour la Nasa de nombreuses années. Une fois leurs 7 enfants élevés, ils se sont retirés du monde et accueillent les pèlerins. Passionnants!

Le 22 Mai de St Félix Lauragais à Avignonet Lauragais.

La Rigole n’a plus de secret pour moi après ces 25,5 Km. Nous avons quitté le GR pour couper un peu le parcours car la pluie est toujours de la compagnie. Après la traversée de Montferrand, nous atteignons le Canal du Midi à Avignonet Lauragais. L’hôtel minable est coincé entre une nationale et le chemin de fer, mais ce n’est que pour une nuit et la fatigue étant là, je peux dormir n’importe où.

Le 23 Mai de Avignonet Lauragais à Baziège.

Enfin pas de pluie pour cette étape de 26km en bordure du Canal du Midi. Le chemin est très agréable et facile. J’ai marché tranquillement car la distance est faible et sans dénivelé. Marc est l’hospitalier qui tient le gite du soir. Le repas est en donativo plus 12 € la nuit, cela est vraiment accessible. Mes pieds sont toujours sensibles, cela est sans doute dû à mes semelles qui sont à changer. Demain Toulouse, je vais y trouver mon bonheur.

Le 24 Mai de Baziège à Toulouse.

Beau temps, long et un peu monotone pour cette deuxième journée de marche le long du Canal du Midi (26 km). Comme toujours, la traversée de la banlieue de Toulouse n’est pas très agréable. Nous sommes logés à l’auberge de jeunesse. C’est la dernière soirée pour Bernard et Jean-Pierre qui terminent ici leur chemin. Pour fêter cela, nous mangerons un bon cassoulet ce soir. La visite rapide de Toulouse est superbe, par contre la nuit a été très mouvementée à cause d’un groupe d’italiens qui ont fait une fête d’enfer. Un pauvre étudiant qui devait passer un concours d’orthophoniste le lendemain n’a pas pu fermer l’œil de la nuit (dommage pour lui). Demain je marche seul…

Le 25 Mai Toulouse à l’Isle Jourdain.

Le GR court sur 25km jusqu’à l’Isle Jourdain après la banlieue de Toulouse. Banlieue que j’ai évitée par le train. Le chemin fut très agréable principalement dans la forêt. Mes cloques se font toujours sentir malgré mes nouvelles semelles. Je suis logé dans un gite sympa devant un lac au milieu d’un parc public. Par contre il n’y a rien pour diner, donc à ma charge de faire la restauration ce soir. Cela fait maintenant deux semaines que je marche, le rythme est pris, le corps s’est fortifié où cela était nécessaire et pour la tête ?, cela progresse bien également.

Le 12 Mai de Grabels à St Guilhem le Désert.

Premier jour de marche, départ de Grabels où Audréna et Alicia m’ont conduit à 7h00 du matin. C’est un triste anniversaire pour nous trois. Avec beaucoup d’émotion et un peu de fierté dans leurs yeux, nous nous quittons. 32 Km sous un soleil de plomb pour atteindre St Guilhem, c’est beaucoup, beaucoup trop pour un premier jour de marche, mais cela a tenu. La soirée en solitaire dans un bel hôtel (les gites pour pèlerin étaient complet) s’est bien passée. Allez c’est parti pour une grande balade qui doit m’aider à retrouver le sens de la vie.

Le 14 Mai de St Jean de Baquiére à Joncels

33 Km sous le soleil pour atteindre Joncels Via Lodève, c’est encore une grosse journée avec beaucoup de dénivelés. Pour gagner quelques Km, j’ai dû prendre un bout de route et là sur le goudron avec la chaleur, ce n’est pas la joie. La nuit dernière n’ayant pas été très reposante (ronflements synchronisés de ces dames), j’ai un peu les chaussures lourdes ce matin. Le gite du soir (un hôtel au milieu d’un village abbaye) est superbe avec un accueil très sympathique. Le repas pèlerin est animé et je fais connaissance de deux jeunes papis: un strasbourgeois et un dentiste de Canne.

Le 15 Mai de Joncels à Mécles.

Enfin une étape plus raisonnable de 22 Km, mais avec le passage de 7 cols, certes petits mais avec pas mal de dénivelés surtout le premier. Je commence à bien couper les ponts avec les informations du monde extérieur et les contacts humains sont très vrais et riches, j’aime!

Le 16 Mai de Mécles à Murat sur Vebre.

Belle journée de randonnée de 30 Km. Je marche maintenant avec Jean-Pierre le cheminot/photographe de Strasbourg et Bernard le dentiste de Canne. Nous avons franchi un col a 1032 mètres d’altitude et cela s’est bien passé. Encore un gite sympa nous attendait. J’ai dû forcer un peu pour être à la même table que les autres pèlerins car il manquait de place et j’allais bientôt manger seul avec les proprios !! Toujours une bonne ambiance au repas ou chacun, avec beaucoup de pudeur, a parlé des motivations qui l’a conduit à parcourir el Camino.

Le 17 Mai de Murat sur Vebre à Salvetat sur Agout.

Beau temps pour cette courte journée de 21,3 Km. C’est le jeudi de l’ascension et je n’ai pas arrêté de descendre! Le corps va bien à part évidement un bon nombre de cloques que je soigne avec attention. Chaque jour je prends des nouvelles de mon frère Bertrand qui traite ses gros problèmes de santé. Ce chemin est aussi un peu pour lui. Soirée avec une famille de quatre, un couple de jeunes demoiselles de Montpellier (Policière et Sage-Femme), discussions toujours intéressantes.

Le 18 Mai de Salvetat sur Agout à Reclot.

De la pluie ce matin pour les 29Km qui sont devant nous. Le Poncho est étrenné. Pas drôle sous ce temps maussade. Le gite du soir est très vieillot, en plein milieu de la forêt et les tenanciers font un peu peur. Heureusement je ne suis pas seul!!, nous sommes quatre pèlerins. Ce sont des gens modestes pour qui l’hébergement des pèlerins est un complément de revenu important. La soirée fut calme. Repos car demain une longue marche vers Castre m’attend.